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BCN FILM FEST, Comedia, Familia, HISTORIA

LA BELLE AFFAIRE

Film de Natja BRUNCKHORST, Allemagne, 2024

Critique de Véronique GILLE

Durée: 116 min.

Année:  2024
Pays:   Alemagne
Réalisation:  Natja Brunckhorst
Scénario: 
Natja Brunckhorst
Photographie:Martin Langer Interprétation:Sandra Hüller, Max Riemelt, Ronald Zehrfeld, Ursula Werner, Peter Kurth, Martin Brambach, Kathrin Wehlisch, Anselm Haderer, Lotte Shirin Keiling, Robert Höller, Olli Dittrich, Tom Keune, Uwe Preuss,

Musique: Amaury Bernier, Hannah von Hübbenet
Genre: 
   Comedie. Famille. Histoire.

Le Mur de Berlin est tombé. L’Allemagne se réunifie peu à peu. Comment vivre pleinement cette réunification ? En ayant vent d’un entrepôt souterrain où l’État est-allemand a déposé des millions de marks qui bientôt seront pulvérisés par les marks ouest-allemands, une famille s’en émeut et décide d’en tirer le meilleur profit possible en élaborant un plan ingénieux et divertissant pour tous. La belle affaire est une comédie sarcastique, joyeuse, parfois nostalgique, sur les ratés et les magouilles de cette époque de l’Allemagne, année 1990.

       Si la vision du communisme comme douce utopie relève plus des gags que d’une réflexion politique pertinente, le travail scénaristique et les acteurs rendent ce film attachant par l’originalité de son sujet (quoique inspiré d’un fait réel), comme devenir capitaliste dans un pays encore fortement marqué par le communisme, par la qualité de son écriture avec un scénario rythmé et sa tonalité parfois satirique où l’ironie est tamisée par la tendresse. Le film séduit parce qu’il ne joue pas la carte de la caricature. Ancré dans une réalité vécue par des millions d’Allemands de l’Est, il laisse sourdre comme une nostalgie de valeurs enfuies : la solidarité, la persévérance, la famille, entre autres.

       Plutôt que de céder au plaidoyer politique, Natja Brunckhorst s’intéresse avant tout à la vie de ses personnages, à leur quotidien et à leurs repères. C’est pourquoi son film est presque un film d’histoire et complètement d’infra-histoire. Ainsi au travers du personnage de Lünke, le spectateur ressent le désarroi de la population est-allemande qui a vécu la trahison de son idéal. Le traumatisme  du personnage est renforcé par sa découverte qu’un ouvrier sous un régime collectiviste était tout aussi exploité qu’un ouvrier du monde capitaliste. Lünke est devenu orphelin d’un monde auquel il a cru, biberonné par une propagande que les actualités est-allemandes ne cessaient pas d’étayer.

       La réalisatrice ne donne pas l’impression de tourner en dérision les idéaux déçus de la population soudainement passée du côté des démocraties libérales. Si elle s’accommode d’un scénario de comédie, le film est également le portrait d’une population qui vit l’entre-deux, confrontée à la confusion du néo-libéralisme. Outre la dimension comique, la réflexion porte sur l’ambiguïté des images, traces fidèles de la réalité et matière à un constant trafic dont la propagande communiste fit une insigne spécialité, et sur les mensonges et tromperies d’État qui génèrent ceux de la population. Servie par de bons acteurs, cette farce pose aussi la question de savoir s’il vaut mieux vivre de l’espoir d’obtenir un jour la commande d’une Trabant ou assouvir sans délai son désir de conduire une Mercedes.

     C’est rendre compte de ce que la RDA a pu représenter pour son peuple sans épouser l’idéal qu’elle visait. Reste alors la mystification comme seul instrument pour la survie. Cependant, c’est un récit optimiste pour saluer l’audace de ceux qui, piégés par les tourments de l’Histoire, sont prêts à tout pour ne plus être exploités. La mise en scène s’avère moins audacieuse que l’entreprise de Maren, Robert, Volker et Marke, mais le film reste un divertissement solide et efficace qui révèle un goût certain pour le cinéma populaire. Le microcosme qui y est représenté symbolise un pays, roi de la débrouille. Le spectateur s’amuse sans jamais perdre de vue ce qui s’est joué dans ces moments-là :  c’est le charme de cette fresque en mouvement. Un drôle de film autant qu’un film drôle.

Vue en BCN FILM FEST IX de Barcelone

La belle affaire  Critique – Version espagnole

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