OHLALÀ, FESTIVAL DE CINÉMA FRANCOPHONE DE BARCELONE, 1-8 mars 2023
en collaboration avec le FESTIVAL FILMETS DE BADALONA
Critique de Véronique GILLE
Durée: 17 min.
Année: 2021
Pays: Canada
Réalisation: Romain Dumont
Scénario: Romain Dumont
Musique: Ilyaa Ghafouri
Photographie: Antoine Ryan
Interprétation: Hamza Meziani, Hamidou Savadogo, Guillaume Laurin, Caroline Dhavernas, Steve Laplante, Ralph Prosper,
Genre: Comédie. Politique.
Noël approche. Le temps des festivités aussi. À leur grande surprise, trois éboueurs, Belz, Élie et Nino, vont être reçus chez le Premier Ministre pour l’occasion. Enthousiastes, ils répondent à cette invitation inattendue et s’y rendent avec un petit cadeau… Ce court-métrage comique et dramatique a des allures de conte révolutionnaire qui tente d’explorer subrepticement la rencontre entre le mépris bien nappé des dirigeants politiques et la soudaine prise de conscience des habitants. Certes, on regarde avec distance les (més)aventures de ces trois invités, car le sujet est rebattu, cependant il n’en reste pas moins digne d’intérêt.
Ce petit film arrive à divertir grâce au comique de situations tout en faisant réfléchir, car en filigrane il propose une critique sociale sous les traits d’une satire bien maîtrisée. Le chromatisme noir et blanc, puis en couleur, renforce l’idée que les temps peuvent changer, l’être humain, très peu. En regardant le court-métrage, on se met à penser à Jacques Tati, mais Romain Dumont fait entendre sa propre voix. En apparence, le film ressemble à un travelling avant vers la catastrophe. Mais non. La réponse des trois lascars d’éboueurs finit par s’élever, droite et juste, dans ce monde d’apparences précieuses et ridicules.
C’est un court-métrage cocasse, drôle sans jamais être vulgaire, frais où les trois éboueurs sont des personnages attachants, charmants et innocents. Le film donne une réplique burlesque aux coups de la vie et mine de rien dit mille choses sur les rapports entre les classes sociales. Les ordures ne sont pas forcément celles auxquelles on pense d’abord, mais elles sont tout aussi nauséabondes. Il dessine aussi une fable émouvante sur la brutalité des relations sociales, sur la maladresse et sur la faculté de se relever du pire des mépris. “Au plaisir, les ordures !” ne laisse pas indifférent et fait mouche. Au plaisir, Romain Dumont !
Pour voir la version espagnole, cliquez ici.
Dejar una respuesta