Film de Eloy CALVO, Espagne, 2025
Critique de Véronique GILLE
Durée: 88 min.
Année: 2025
Pays: Espagne
Réalisation: Eloy Calvo
Scénario: Bogdan MuMartín Tognola, Ramon Pardina. – Novela gráfica: Martín Tognola, Ramon Pardinaresanu
Photographie: Anna Molins
Interprétation: Pol López, Martina Lleida, Richard Farré, Aimar Vega, David Bages, David Vert, Quimet Pla, Isabel Rocatti, Carmela Poch, Paula Vives, Jofre Borràs, Mireia Gubianas, Màrius Folk,
Genre: Drame. Comedie. Famille.
La fourgonnette n’est pas un film foncièrement désagréable, mais se classe dans cette catégorie de longs-métrages qui auraient pu et dû rester des téléfilms. Il y règne souvent une absence d’esthétique visuelle, voire de style caractéristique. Nous suivons une galerie de personnages qui n’apparaissent jamais qu’à travers leur distinction sociale: chômeur, immigré, chef d’entreprise, retraité, cadre, médecin, enseignant. Les conflits qui les animent sont de même toujours attendus et annoncés. Il aurait fallu un peu plus de punch dans un récit qui ne travaille pas tous ses personnages car ceux-ci prononcent des dialogues assez confondants de superficialité. Qu’est-ce qui cloche vraiment ? Le message résolument consensuel et la réalisation mollassonne.



C’est une comédie sociale sans originalité car les lois du genre (ou du format) finissent par reprendre leurs droits. Oso vit dans une fourgonnette où il reçoit sa fille, Violeta, âgée de six ans. Sans stabilité économique ni familiale, il lutte en rêvant, en discutant, en refaisant un monde qu’il ne reconnaîtra peut-être plus. Malgré les bonnes intentions certaines de Eloy Calvo -évoquer la discrimination et le jugement social-, les clichés se ramassent à la pelle et le film s’englue dans les bons sentiments. Comme évoqué plus haut, les dialogues ne sont pas toujours inspirés et les personnages secondaires sont trop peu écrits. De plus, les situations comiques ont été vues cent fois ailleurs. À vouloir trop prêcher la réconciliation sociale, professionnelle, familiale, le réalisateur plonge la tête la première dans les stéréotypes.



La véritable méprise du cinéaste est de confondre tolérance et quota, chaque personnage étant réduit au beauf, au bourgeois, au patron exploiteur et raciste, au rockeur vieillissant, au soixante-huitard attardé, à l’émigré de service, au policier compréhensif… S’installe alors une médiocrité au diapason de celle des personnages, moqués pour leur ringardise. De même, la fille de Oso fait preuve d’une sagesse plus mature que celle de ce père rêveur et fantaisiste qui anime joliment -il faut le reconnaître- certaines séquences du film de ses dessins colorés qui sont comme des désirs-rêves nécessaires pour lui et sa petite fille bien raisonnable.

Mais l’impartialité que tente de nous imposer et asséner à coups de marteau le réalisateur est malvenue. Il patauge dans le civisme de bas étage qui ressemble à l’arrogance d’un professeur d’école, il nous fait la leçon et le spectateur a la sensation de se retrouver alors sur le banc de l’école. Le film déploie, contrairement à ce qu’il voudrait nous faire croire, une certaine condescendance envers ses personnages. D’ailleurs, il atteint son apothéose de facilité dans ses séquences finales où l’on retrouve le frère qui a réussi, plein de magnanimité face à ce frère perdu. L’épilogue est pompeux, c’est beau la réconciliation familiale sur fond de conflit social !



Terminons cependant sur un point positif : l’interprétation de Pol Lopez qui s’en sort bien dans son rôle de père débonnaire, fantaisiste, rêveur, imparfait et humain parce qu’il est capable d’aimer profondément et sincèrement, l’amour filial transcendant les soucis extérieurs, mais encore une fois, l’ensemble souffre d’un manque de crédibilité et d’une suite d’anecdotes plates. Le principal défaut du film, c’est de ne pas choisir clairement son sujet. S’agit-il d’une critique des disparités sociales ? d’une mise en lumière des rapports père-fille ? d’une image de la société actuelle dont certaines valeurs s’évanouissent irrémédiablement ? ou tout simplement de la crise de la quarantaine chez l’homme ? Aux spectateurs de faire leur choix, peut-être..
Vue en BCN FILM FEST IX de Barcelone
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