MON AMIE ÉVA

Film de Cesc GAY, Espagne, 2025

Critique de Véronique GILLE

     Résolue à rompre avec sa routine de femme mariée depuis plus de vingt ans et à sortir de l’impasse dans laquelle elle se sent coincée, Éva rencontre un Argentin lors d’un voyage d’affaires à Rome. La route qui mène à la rencontre entre les deux protagonistes est semée d’obstacles, mais poussera la protagoniste à faire les bons choix. Mon amie Éva est une comédie de mœurs joyeuse et inoffensive, une sympathique peinture sociale qui ne s’encombre pas de complexité, simpliste et limpide sur la fin du désir au sein du couple.  Le film met à l’honneur le désir des femmes mûres de cinquante ans, des quinquagénaires en métamorphose, dopées par la redécouverte de la séduction et du plaisir, et de la liberté tout simplement.

      Éva a, selon l’adage, tout pour être heureuse : deux enfants (presque) élevés, un mari plutôt séduisant, un travail prenant qui lui permet de voyager. Cela, c’est ce que voient d’elle ses amis. Il est parfois surprenant que les gens ne connaissent pas la vie de leurs amis. Ils jugent, ils s’inquiètent, mais, ici, savent-ils seulement si Éva est heureuse, si elle va bien, si elle vit bien? Le film est écrit avec soin et interprété avec talent. Sara Navas, dans le rôle d’Éva, est un mélange d’émotion brute et de vulnérabilité, exaltant avec un certain charme l’ordinaire. Mais peu à peu, le film tourne moins bien, sa fin reste forcée et démonstrative et le film n’échappe pas à la banalité, voire la futilité. Lui qui avait plutôt bien commencé s’essouffle rapidement et rentre finalement dans le rang des comédies ordinaires.

    Beaucoup de séquences sont suivies d’une scène dialoguée où les différents comportements possibles sont énoncés. Et cette volonté démonstrative appuyée par un scénario calibré limite malheureusement l’intérêt du film. Certes, les inquiétudes et les émotions d’Éva et des autres personnages sont tout à fait crédibles et la question posée est peut-être juste, voire belle, mais sa solution est toutefois cliché, même à l’antithèse de ce que la vie apprend. Le tout enfonce trop de portes grandes ouvertes. C’est une réinvention sans originalité de la recherche de la flamme amoureuse qui sait soigner sa protagoniste, oui, c’est vrai, cependant le film ne tient pas ses promesses de bout en bout avec des baisses de rythme et l’impression par moments de tourner en rond.

      La fin déjà évoquée plus haut donne une comédie empêchée par ses intentions contradictoires : tout va mal parce que le temps passe, mais tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. L’envie palpable du réalisateur d’embrasser la spontanéité se cogne à son désir pas toujours très heureux de naturel et d’humour. Alors que le film se pose en objet franc du collier – une comédie romantique – branché sur la recherche et l’urgence de l’amour pour Éva, il multiplie quelques méandres psychologiques et s’empêtre dans des répétitions pesantes. Répétons-nous aussi, cette comédie est une fantaisie légère, juste un peu trop mince comme si l’émancipation d’Éva ne dépassait pas le stade de l’expression de ravissement que pourrait arborer  une adolescente face à Timothée Chalamet.

MI AMIGA EVA – Critique_Version espagnole